Petit fragment de témoignage musical

J’aime chanter. J’ai toujours aimé chanter. Quand j’étais enfant, je rêvais de joindre les rangs de la chorale de ma mère. Ma mère est mon alto préféré. Quand nous ne chantions pas à la chorale, nous faisions des duos à la maison et animions la maisonnée de chants mélodieux. Lorsque j’étais de passage chez mon père, qui nous conduisait tous les jours – même le dimanche, jour de réunion à l’église – dans la prière et la méditation de la Bible, nous remplissions l’espace, ma famille et moi, d’harmonies à la gloire du Père céleste. J’aimais ces moments-là. À vrai dire, c’était probablement ma partie préférée de nos dévotions quotidiennes. Saint-Augustin n’a-t-il pas dit que chanter, c’est prier deux fois ? À 10 ans, n’en pouvant plus d’attendre d’être assez grande pour rejoindre la chorale de « vieux » de ma mère – la moyenne d’âge était d’au moins 30 ans -, je suppliai Maman de me permettre de rejoindre son groupe. Ce qu’elle accepta. Elle découvrit alors mon intérêt pour le chant. Je devins la plus jeune choriste de l’histoire de la chorale Saint-Andrews, ce qui par la suite attira d’autres jeunes au sein de la formation. C’est dans cette chorale que je chantai pour la première fois le fameux Hallelujah de Haendel. C’est à Saint-Andrews que j’expérimentai la joie transcendante que l’on ressent quand on chante en choeur et en symbiose avec des gens de tous horizons, unis dans l’Esprit. Quel bonheur!

Nous chantions dans des enterrements (beaucoup d’enterrements) mais aussi dans des évènements plus heureux. Nous prenions la route pour aller porter nos chants à ceux qui étaient dans des zones reculées. J’aimais cette sensation d’être en mission. Voyager, aller loin pour annoncer la joie de la Bonne Nouvelle en musique, quelle noble tâche! Je le fais encore aujourd’hui et je ne m’en lasse pas, bien au contraire! J’en ai soif tous les jours.

Ce que j’aime dans la musique, c’est qu’elle me permet de m’exprimer librement. En effet, j’ai un trouble du langage depuis ma plus tendre enfance: le bégaiement. Oui, je bégaie depuis que j’ai environ 5 ans. Je parlais normalement avant cela, me dit-on. Je n’ai pas de souvenir de cette époque bienheureuse. Un jour, ma diction s’est saccadée et n’a jamais cessé de l’être depuis. Dieu merci, grâce au suivi d’une orthophoniste, quoique tard dans la vingtaine, j’ai pu améliorer mon expression orale, mais j’ai dû arrêter, car après plus de deux ans de thérapie, je ne progressais plus. Il fallait aussi que j’apprenne à accepter mon état et l’éventualité que je n’en guérisse pas totalement. Ne plus culpabiliser quand, m’adressant à quelqu’un pour la première fois, la première impression ne serait assurément pas la meilleure. Ne plus m’autoflageller quand je butais sur le même mot encore et encore, ou quand j’avais le sentiment de perdre du temps aux autres en essayant de leur parler. J’étais très dure envers moi-même. Je devais apprendre à me dire que j’allais probablement rester bègue toute ma vie, certes à un degré moindre qu’avant ma thérapie, mais bègue quand même. Alors, pour me libérer du fardeau de ma langue si pesante, je chante. C’est le seul moyen, avant l’écriture, que j’ai de m’exprimer librement. Une bègue qui chante? Eh oui, ça existe! Et je ne suis pas la seule à le vivre sans pour autant me l’expliquer complètement. Peu importe, quand je chante, je suis libre!

La musique est un langage universel qui dépasse les barrières culturelles, comme la langue des Hommes. Elle touche les sens. Elle touche le corps, l’âme et l’esprit. On dit même qu’elle adoucit les mœurs. Que chanter? Quel message véhiculer au travers ce formidable médium? J’ai chanté des chansons d’amour ordinaires, car l’amour est un sujet qui me fascine comme tant d’autres artistes d’ailleurs. Cependant, je me sentais incomplète artistiquement en ne chantant pas cet amour qui est capable de changer des vies, de pardonner, d’aimer inconditionnellement. Cet amour que j’ai trouvé en Jésus-Christ, comment le tairais-je dans mes chansons? Ce serait vraiment passer à côté de quelque chose de fondamental. Alors, je chante l’amour de Jésus, car c’est tout simplement le meilleur. Il n’y a pas de plus grand amour que l’amour de Jésus. Le chanter, c’est mon appel, ma passion, ma mission.

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Plaidoyer pour la virginité